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18 juillet 2005

Inception - Analyse

Attention, article 100% SPOIL. Merci de voir le film et de revenir ^^

Dans l’article précédent, on s’est permis d’affirmer qu’il n’y avait pas de "twist scénaristique" dans Inception. Si vous l’avez à présent vu, il est fort probable que vous ne soyez pas d’accord, au vu de la fin pour le moins ambiguë. Mais on se permettra d’insister : la fin d’Inception ne représente pas, en soi, un twist de bas étage "à la Shyamalan". Bien au contraire, elle permet d’ouvrir le spectateur au choix de sa propre interprétation, le laissant libre de construire ses théories de lecture personnelle. Nous allons tenter ici de pousser dans ses retranchements, autant que faire ce peut, les différentes possibilités majeures d’interprétation qui nous sont apparues. Pour ceux qui ne seraient pas d’accord ou simplement pour ceux que ça intéresse, on vous encourage à nous faire partager vos opinions dans les commentaires :) Parce qu’un tel film est prévu pour ça, n’aspire qu’à ça : faire réfléchir les spectateurs sur ce qu’ils viennent de voir, les faire débattre et ainsi faire grandir leur vision du film. Quelles sont donc, à notre avis, les interprétations majeures que l’on peut ici donner ?

1/ Personnellement, j’ai beau avoir tenté coûte que coûte de ne pas regarder les différentes bandes annonces (en tout cas pas la troisième, j’aimais bien le fait que les deux premières ne dévoilaient absolument rien), j’ai fini par y être "forcé" au cinéma, ledit trailer ayant été projeté avant l’Agence Tous Risques –putain de bon film d’été, soit dit en passant. Et ce troisième trailer dévoilait enfin une partie de l’intrigue, ou du moins de l’univers : un monde dans lequel certaines personnes ont la possibilité d’explorer "physiquement" les rêves. De là, impossible de ne pas penser immédiatement qu’un vieux twist final vous révèle qu’en fait, c’est tout le film qui était un rêve. Cette appréhension était renforcée par la réplique de Di Caprio expliquant qu’un rêve vous parait toujours réel jusqu’à ce qu’on vous réveille enfin. Pourtant un autre élément des plus intéressants transparaissait d’une autre réplique : celle où Di Caprio disait avoir enfin trouvé un chemin pouvant le ramener chez lui, et que ce chemin passait par ce dernier job.

A partir de là, je me suis dit que le film allait être plus fin que ça, qu’on n’allait pas avoir de "truc à la 6e sens" du genre le héros ne comprend qu’à la fin ce qu’il lui arrive. J’avais alors le sentiment que Di Caprio allait dès le début être décrit comme un personnage appartenant totalement au monde du rêve, conscient de cet état, et cherchant coûte que coûte à se réveiller. Par exemple, il aurait pu incarner l’esprit d’un homme plongé dans le coma, qui pouvait interagir avec le reste de sa team, eux bien vivants et en bonne santé, par le biais de cette fameuse technologie mystérieuse. Ainsi, son équipe n’aurait pu interagir avec lui qu’en se plongeant dans ce sommeil artificiel, et n’aurait pu rencontrer "leur boss" que dans le monde du rêve. J’aimais bien l’idée d’un type condamné à rêver pour une éternité, et qui profite de cet état pour en faire son job. Voilà pourquoi il aurait été le meilleur dans ce boulot "d’extracteur" : parce qu’il aurait été le seul à n’appartenir qu’au monde du rêve, quand tous les autres personnages doivent aussi interagir avec le monde réel, avec leur vie privée, leur famille, etc.

Et tout ce foutu raisonnement, juste basé sur une bande annonce ^^ Voilà pourquoi je ne voulais pas la voir : impossible ensuite de regarder le film vierge de tout soupçon.

Si cette théorie bien fumeuse s’avère démontée par une séquence (et une seule) en particulier, une accumulation de détails troublants au fur et à mesure du métrage persistaient à m’y faire adhérer :

- Tout d’abord, la séquence d’introduction, expliquant très clairement qu’un rêve peut en enchâsser un autre. Poser de manière aussi frontale et directe une telle idée revient à dire que tout peut arriver, et qu’il ne faut se fier à rien.

- Ensuite, on vous annonce que pour se réveiller, il suffit qu’on vous tue dans le rêve. Hors, Cobb (Di Caprio) fait tout ce qui est en son pouvoir pour ne pas se faire tirer dessus, même quand, paradoxalement, il cherche à s’échapper. Cacherait-il donc autre chose ? Pourquoi une balle permettrait-elle de réveiller son équipier et pas lui ?

- Le montage du film en lui-même est extrêmement troublant : les personnages apparaissent toujours "par magie" dans un nouveau décor : on ne vous explique jamais comment ils sont arrivés là (on est tout à coup à Paris, par exemple). Cobb va même jusqu’à expliquer à sa futur architecte que c’est comme ça que marchent les rêves.

- Lorsqu’ils recrutent un chimiste qui leur explique qu’il est presque impossible d’atteindre deux niveaux de rêves simultanés, Di Caprio lui répond avec assurance que ce n’est pas deux, mais bien trois niveaux qu’ils vont créer. Cette assurance semble indiquer qu’il SAIT déjà que c’est possible. Peut être parce qu’il l’expérimente au quotidien, se trouvant en permanence à un niveau inférieur à celui de son équipe.

- Enfin, la façon qu’à Di Caprio d’évoquer son histoire est des plus ambigües : pourquoi parle t’il en permanence de "rentrer à la maison" au lieu de mentionner clairement son pays, dont il a été banni ? Et le personnage de Michael Caine (apparemment son père, mais réside t-il à Paris, ou aux Etats Unis, avec les enfants de Cobb ?) de lui souffler "Reviens à la réalité, Cobb."

Bref, tant d’indices qui me confortaient dans mon idée. C’est ici finalement la thèse qui donne raison à Mall (Marion Cotillard) et à son suicide, une Mall qui serait alors bien vivante et attendrait sans relâche le réveil de son amant. Pourtant, cette théorie "à la Shyamalan" (comprendre : celle du twist fumeux) se révèle détruite par une simple séquence : celle où l’on voit Cobb faire tourner son fameux totem, à la sortie du rêve d’entrainement de l’architecte, vers la fin du premier tiers du film. La toupie tourne, et s’arrête. Il s’agit bien de la réalité. L’une des très, très rares séquences, d’ailleurs, "du monde réel".

Et c’est donc cette toupie le centre du problème : ce fameux plan final sur une toupie qui ne cesse de tourner, semble enfin vaciller…. Va-t-elle tomber ? Fin du film. De là, deux possibilités subsistent clairement :

2/ La toupie ne s’arrête pas de tourner. Saïto a tiré sur Cobb, le faisant s’enfoncer dans l’ultime niveau de rêve, par delà les limbes-mêmes. Cobb entre donc dans sa fantaisie ultime et retrouve ses enfants (merci le Jambody). Cependant, mon cœur ne balance pas vers cette théorie. Déjà parce que Saïto n’a pas de raison de tuer Cobb. Aucune, si ce n’est peut être, la démence (et on deviendrait fou pour moins que ça, on vous l’accorde). Mais c’est surtout parce que Cobb peut enfin contempler le visage de ses enfants : un souvenir qu’il ne possédait pas, et dans lequel réside, à mon sens, la clé de tout le métrage. Voilà pourquoi on préférera cette dernière théorie :

3/ La fin se situe bien dans le monde réel. Cobb a rempli sa mission, est allé jusqu’au bout de l’enfer, au fond de l’univers et du monde des rêves pour revenir à la vie et retrouver ce qu’il a de plus cher. Il s’agit donc bien du monde réel. Les visages des enfants sont réels. Lorsque, plus tôt dans le film, le personnage de Mall veut les lui présenter alors qu’il est coincé dans le monde des limbes, Cobb ne les regarde pas, parce qu’il ne le PEUT PAS. Tout ce qui est alors autours de lui, sa femme, les immeubles, ses enfants, sont alors le produit de ses souvenirs. Il ne peut voir les visages de ses enfants. Il n’en a ni la possibilité, ni le pouvoir. Mais lorsqu’à la fin du film, ces derniers se retournent enfin, il sait qu’il est bien vivant, dans le vrai monde. Ca ne fait plus aucun doute.

Pourquoi ne pas avoir alors terminé le film sur la toupie qui tombe et s’arrête ? Personnellement, j’étais vraiment persuadé que c’était ainsi que le film allait se conclure. Mais Nolan choisit de le conclure avant. Avant la chute – possible – du totem. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’à ce stade du récit, Cobb n’en a plus besoin. Tout le métrage ne porte que sur ça : sur ce personnage prisonnier de son passé, de ses remords, et de ses doutes. A la fin de son parcours qui l’aura forcé à descendre au plus profond de lui-même pour enfin affronter ses fantômes, Cobb choisit la vie. Il choisit l’espoir. Voilà pourquoi il ne verra pas si le totem tombe ou pas. Voilà pourquoi nous ne le verrons pas. Parce que l’important est justement qu’il ai à présent le pouvoir d’abandonner cette foutue toupie. Et d’aller embrasser ses enfants.

Et puis de toute façon, on l’entend très clairement tomber après le cut au noir, alors c’est moi qui ai raison xD.

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Commentaires
D
Désolé pour toutes les fautes d'orthographe et les mots qui ne ressemblent à rien comme "inctualisé"... j'ai écrit ça trop vite ^^
D
Alors là, je me trouve super intelligent car toutes tes clarifications post-second visionnage, bobobiwan, résument juste la manière dont j'ai directement perçu l'intrigue du film (qui est une méga tuerie), la seule fois que je l'ai vu.<br /> <br /> Ce qui est fantastique avec ce film, c'est que beaucoup de spectateurs l'envisagent comme une porte ouverte sur une multitude d'interprétations purement scénaristiques, alors qu'il est en vérité une incitation à une certaine réflexion philosophique (mais ce n'est pas la conséquence d'un manque d'entendement du spectateur, mais bien le but même du film, à mon avis). C'est quelque chose de très courant dans l'animation japonaise, par exemple, où sous couvert d'un discours complexe, parfois trop inctualisé, on cherche plus en vérité à perdre le spectateur dans un monde crédible, car dépassant ses propres connaissances (c'est la trop grande simplicité de certains récits qui tend généralement à nous dévoiler leur nature fictive), pour ainsi le toucher d'une manière plus viscérale. En ce sens, c'est une expérience cinématographique presque parfaite, car elle parle tout autant à notre côté cérébral qu'à notre partie affective et émotionnelle.<br /> <br /> En sortant du film, la toupie qui tourne encore tout en étant prête à tomber, n'est pas réellement là pour que nous nous demandions "Est-ce que Cobb est encore dans un rêve ?", ou, plus précisemment, c'est bien là un des buts de ce plan, mais avec une intention finale cachée et bien plus intéressante. En effet, ce film est pour moi un coup de génie car il est surtout une mise en abîme parfaitement orchestrée et une réflexion sur la vie et le cinéma (et leur relation) très habilement pensée, piste que Nolan avait commencée à explorer avec Memento.<br /> <br /> Je m'explique : N'avez-vous jamais cru avoir vécu, pensé ou dit quelque chose, et vous rappeler par la suite que cela n'était en fait qu'une chose que vous aviez révée ou même... simplement vu dans un film ? Lors d'une inception, l'architecte construit un monde où les représentations du réveur vont alors apparaître, de la même manière que nous confrontons toujours, même inconsciemment, notre propre vécu avec l'histoire qui nous est contée dans un film. Ce monde est construit comme un labyrinthe afin de perdre le réveur qui réalise, peu à peu, ne pas se trouver dans son propre rêve et tente alors d'en sortir (au moyen de ses représentations essayant de tuer le rêveur-créateur), de la même façon que l'intrigue à tiroirs et la limite floue entre réalité et rêve instaurées dans Inception tendent à perdre le spectateur afin de l'empêcher de se réveiller du rêve qui lui est proposé, afin de ne pas lui laisser le temps de sortir du film ("ha, mais je sais comment ça va finir : c'est lui le méchant, comme dans tous les films de ce genre" : exemple de réflexion où nos représentations tuent le mauvais rêveur-créateur-réalisateur). Enfin, l'histoire personnelle de Cobb se mêlant à celle de l'inception de Fisher, est comme un rêve dans le rêve permettant au réalisateur d'entrer plus profondément dans l'esprit du spectateur.<br /> <br /> Vous voyez où je veux en venir ? Si un film est une expérience similaire à un rêve, Inception est alors, justement, une superbe tentative d'inception dans l'esprit du spectateur. Lorsque Mell se réveille, elle ne se dit certainement pas de manière concrète, avec des mots, "ce monde est irréel" ; elle est probablement plus dans une phase de questionnement, elle doit être en train d'intelectualiser son expérience et d'essayer de la faire tenir dans un cadre logique et cohérent ; mais en même temps, de manière inconsciente et donc plus puissante, plus imposante, l'idée est doucement en train de germer en elle : "ce monde n'est pas réel".<br /> <br /> La toupie qui tourne ? Qui ne tourne pas ? L'étrangeté des abimes (car si tout est bien expliqué dans le film, les abîmes restent une sorte de zone irréelle et échappant à la logique - un endroit où les rêves de tous se mélangent dans un brouhahas inexpliquable)? Est-ce que les personnages rêvent encore ? A quel moment ? Autant de questions illusoires derrière lesquelles se dessinent inconsciemment en nous les différents propos du film "Qu'est-ce que la réalité ? Qu'est-ce que l'amour ? La vie ? La foi ?"<br /> <br /> Il ne serait pas étrange, dans quelques années, de se retrouver lors d'une quelconque soirée à discuter avec quelqu'un un peu bourré et nous disant : "La seule chose réelle dans ce monde, c'est l'amour que l'on porte en soi. Pas l'image que l'on a de l'autre, pas l'idéal d'une femme figée ou d'un enfant parfait sans visage, mais ce que l'on éprouve ou que l'on a éprouvé, qui est indicible mais bien vrai... Tu sais, c'est comme attendre un train sans savoir où aller, mais on est sûr que c'est là que l'on doit être, sans vraiment pouvoir l'expliquer..." Une idée floue dont il sera à n'en pas douter, sûr qu'il est le seul à l'avoir fait germer.<br /> <br /> Lorque Arianne entre la première fois dans le rêve de Cobb, elle fait quelque chose de magique : en mettant un miroir en face de l'autre, elle créé une perturbante mise en abîme, puis elle casse le miroir et un nouveau chemin apparaît. C'est, à mon sens, une parfaite image de ce qu'est Inception. Le risque d'un film aussi ambitieux, c'est alors bien sûr qu'il ne soit pas compris pour ce qu'il est ou que, dans la complexité qu'il essaye d'élaborer, il finisse par se perdre dans un paradoxe... chose dont Nolan est bien consciente, lorsqu'il met en scène le fameux paradoxe de l'escalier...
S
des theories toutes interessantes. le truc c'est que perso je pense que la toupie c'est le totem de mall donc cela ne devrait pas fonctionner avec cobb!<br /> son totem est sensé etre son alliance qu il a dans ses souvenirs.<br /> <br /> sinon tres bon film qui me rappelle matrix avec cette idée de reve emboité comme la matrice dans la matrice!<br /> je trouve aussi que le role de di caprio rappelle fortement celui de shutter island!
B
C'est une théorie qui circule pas mal sur le net, mais personnellement (et ça n'engage que moi hein ^^) je la trouve complètement infondée...<br /> Au figuré, il y a bien quelque chose comme ça. Le père de Cobb ne choisit pas Arianne au hasard, son nom le prouve bien d'ailleurs. C'est elle qui va le guider hors de son propre labyrinthe, mais on touche là au niveau de lecture SYMBOLIQUE du film. Les symboles sont très, très présents dans le métrage, mais je pense qu'ils ne faut pas les confondre avec la diégèse à proprement parler, c'est à dire avec les évènements qui "se passent concrètement".
A
Hé oui il lui présente Arianne...suivre le fil d'arianne pour s'en sortir, et Arianne va l'aider tout au long du film a faire sortir Mal de sa tete.<br /> <br /> Donc personne de sa team (pas meme Arianne, une projection du père de cobb) existe. A la fin il se reveille vraiment dans l'avion. Sa team a ses cotés le regarde mais ne lui dit rien...
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