Dragon Ball Kai (01)
Chose amusante : alors que les américains paient leurs respects à la saga phare d’Akira Toriyama en la faisant "évoluer" vers le monstre abominable de nullité que l’on sait, les japonais se tournent une nouvelle fois vers l’un des piliers majeurs de leur culture pop afin de rappeler une fois pour toute qui est le taulier.
Car oui, Dragon Ball revient sur les écrans de télévision japonais.
A l’évidence, il serait tentant de ne voir en Dragon Ball Kai qu’une énième tentative de faire du fric sur la licence la plus juteuse de toute l’histoire du Japon. On aurait pourtant tord d’arrêter là notre raisonnement, tant ce re-launch représente un évènement majeur pour les Otakus de la planète. Evacuons le débat d’entrée de jeu : bien sûr que Dragon Ball Kai est destiné à faire du blé. Mais au vu du résultat, il serait malhonnête de prétendre qu’il s’agit là de sa seule et unique raison d’être.
Car Dragon Ball Kai constitue tout simplement le retour du shonen le plus populaire de tous le temps, traité avec des moyens modernes et un respect sans commune mesure pour l’œuvre originale de maître Toriyama. C’est tout autant un cadeau en or massif aux fans de la saga que l’occasion pour la nouvelle génération de découvrir cette fantastique série, prouvant une fois pour toutes que rien ni personne n’a réussi depuis à l’égaler.
Luffy, fils spirituel de Goku, file un coup de main pour la promo de DBKai.
Globalement, le projet se veut orienté autours de trois axes : une remastérisation en haute définition de l’image couplé à un nouveau cadrage 16/9, un montage resserré faisant l’impasse sur toute forme de HS et enfin une bande sonore totalement refaite, ceci incluant bien sûr les bruitages, retravaillés, mais aussi les doublages entièrement neufs et les musiques toutes inédites.
Sur la table, le projet avait vraiment de la gueule. Qu’en est-il donc aujourd’hui, maintenant que le premier épisode est sorti ? Autant l’avouer tout de suite : si vous aussi vous vous êtes sentis salis et détruits par le monstre Dragonball Evolution, le visionnage de Dragon Ball Kai vous fera sans aucun doute monter les larmes aux yeux. Des larmes de joie, et de gratitude.
Retour à la vraie Kame House ! Avec le vrai Tortue Géniale ! :D
Pour commencer : le nouveau générique, absolument splendide, provoquera de véritables frissons au moindre fan. Son Goku et ses amis virevoltent et balancent des Kamehameha dans tous les sens, au rythme de graphismes nerveux et d’une image sublime, accompagné pour l’heure d’une toute nouvelle chanson comme seuls les japonais savent les faire. Le thème légendaire de Dragon Ball Z (le fameux "Cha-la Head-cha-la"), faisant quasiment office d’hymne nationale pour le moindre japonais et présent dans tous les jeux musicaux sortis sur l’archipel nippon depuis plus de 20 ans, est donc absent de cette nouvelle version. Pourtant, il ne vous manquera qu’environ un dixième de seconde tant l’énergie communicative de l’anime tend à faire oublier tout ce que vous savez de l’univers de Dragon Ball. Il s’agit ici de repartir de zéro, de tout recommencer, et de faire ça bien. Et la toute première scène de l’épisode d’enfoncer le clou de manière magistrale…
"Surprise..."
En nous montrant Freezer dès les 5 premières secondes !! o_O Dragon Ball Kai s’ouvre ainsi sur la dernière bataille de Bardock, le père de Son Goku, alors qu’il tentait de sauver la planète Béjita de la tyrannie de Freezer. D’emblée, la logique de l’anime saute à la gueule : il s’agit ici de restaurer la légende, de redéfinir le mythe de Dragon Ball. Les doublages ayant été entièrement refaits, les concepteurs de la série peuvent changer les dialogues à loisir afin de les rendre plus cohérents avec le backgound général. Nous avons donc droit à un Bardock lançant un ultime assaut contre Freezer afin de protéger le destin de son monde natal, mais aussi celui de son fils. Alors que Freezer fait voler en éclats la planète, Bardock se voit prit d’une vision : celle de son fils, dans le futur, affrontant Freezer. L’homme arbore un dernier sourire alors qu’une explosion gigantesque anéantit toute forme de vie… Tandis qu’un dernier petit vaisseau file à toute vitesse vers la Terre, sur fond d’une musique héroïque au possible.
Bardock, véritable héros des Sayajins.
Le ton de la séquence, magistral, renvoie immédiatement Son Goku à l’image d’un sauveur. Pour un peu, on se croirait dans Superman !! o_O Cette première scène, tout bonnement géniale, pose immédiatement les bases de ce que sera Dragon Ball Kai : aucune image ici n’est inédite. Dans la série originale, des flash-backs rapides nous renvoyaient à cette histoire, mais pas avant une bonne soixantaine d’épisodes, et certainement pas montée de manière aussi dramatique. Le plan de Son Goku face à Freezer est tout simplement tiré du combat qui les opposera plus tard. Mais l’intelligence du montage fait ici toute la différence, prouvant la volonté de restituer clairement la mythologie des Sayajins et de faire de Son Goku leur sauveur. Quand on se rappelle comment les responsables de l’anime avaient à l’époque traité cette mythologie (au profit d’un HS innommable dans lequel on nous expliquait que les Sayajins étaient des sortes d’hommes préhistoriques, ayant piqué la technologie de leurs cousins germains intelligents mais weaks – o_O wtf ?) on ne peut qu’applaudir des deux mains devant ce juste retour des choses.
Végéta, grand méchant de ce premier arc scénaristique.
L’épisode se poursuit par un résumé détaillant les évènements de la première saga Dragon Ball, sur un fond de musique festive qui vous mettra du baume au cœur pour la journée. En l’espace de quatre secondes, la Tohei a su rendre hommage à Toriyama comme jamais ne le feront les américains et leur pitoyable sens de l’adaptation.
Revoir la bouille du p'tit Goku fait toujours plaisir :)
Enfin, l’épisode démarre vraiment, sur un scénario bien sûr identique à celui du premier épisode de DBZ, mais isolant cette fois tout de suite la menace à venir en nous montrant un bref plan du vaisseau de Raditz arrivant sur terre, plan jumeau de celui du vaisseau de Goku aperçu quelques minutes plus tôt, renforçant alors la cohérence de la toile de fond.
Les séquences suivantes nous prouvent bien que la Tohei ne nous a pas menti sur le ban du HS abusif en nous présentant Son Gohan, en danger, se faire sauver par son père en quelques secondes. Dans l’épisode original, les tribulations de Gohan duraient à elles seules plus de dix minutes ("Ouin, je suis perdu…Oh ! Un papillon ! Au secours, un jaguar !" etc.)
Cette logique se suit alors de séquence en séquence : les dialogues sont rapides, vont droit au but et les évènements s’enchaînent. Imaginez-vous un épisode de DBZ sans les plan-regards d’un quart d’heure, ou les brins d’herbe qui volent au vent tandis que les combattants se toisent. L’affrontement de Piccolo face à Raditz en est l’exemple le plus probant : resserré à l’extrême, ce bref échange se montre à présent nerveux et rapide, alors qu’il faisait l’office d’un cliffhanger dans la version originale (le premier épisode se terminait à l’époque sur Piccolo qui marmonnait dans sa barbe que Raditz avait l’air super puissant… <.<). Les nouveaux doublages et les nouvelles BGM aident également grandement à renforcer l’intensité de l’action, qui avance cette fois sans fioriture et droit au but. Ainsi, le premier épisode de DBKai s’arrête à la moitié du second de DBZ (Raditz dévoilant sa queue pour terrasser Krilin). Un demi épisode d’avance, alors que DBkai a prit le temps de restaurer le background initial, et de résumer la première saga de Dragon Ball… Le constat parle de lui-même.
Promo de DBKai dans le Shonen Jump. Au Japon, c'est l'évènement !
C’est en effet là le plus grand bonheur de cette ré-édition : un shonen dépourvu de la plus grande maladie des animes japs, à savoir cette volonté de gagner du temps (une maladie ayant complètement pourrie l’anime de Naruto par exemple). Ici, plus de temps mort dans les dialogues, plus de regards qui tuent pendant trois heures, plus de flash-back inutiles, plus d’histoires qui n’ont rien à voir (on peut se gratter pour voir Goku passer son permis de conduire avec Piccolo, par exemple <.<).
Enfin, si l'on peut se permettre de terminer par un petit conseil : la grande majorité de la communauté Geek de France a grandi en suivant religieusement Dragon Ball Z à la télévision le mercredi matin, dans le club Dorothée (si,si). Mais à l’époque, il fallait se contenter d’une version tronquée, censurée et plombée par une VF catastrophique (ne parlons pas du générique d’Ariane qui croit encore que "Dragonball" est le nom d’un personnage o_O). Aujourd’hui, Dragon Ball Kai est pour tous ces gens là l’occasion de (re)découvrir cette série comme une vraie série, avec la VOST, des openings et endings qui se respectent, et la même qualité d’image et de son que les séries les plus en vogue actuellement (Naruto, Bleach, One Piece…). DBKAI est un cadeau d'anniversaire : celui des 20 ans de la saga, un cadeau de Toriyama directement adressé à ses fans. Un tel anniversaire ne se rate pas. Enfin, Dragon Ball Kai en profitera au passage pour prouver que c’est bien lui le père fondateur de toute la culture Shonen, et que la bataille pour lui succéder sur son trône est encore loin d'être terminée...