Avatar
En termes de buzz marketing, impossible de passer à côté d’Avatar. Annoncé comme le messie depuis plus de deux ans, alors qu’on avait pas encore le moindre bout d’information sur son histoire ou son univers (simplement des bruits de couloirs de réalisateurs ayant vu le travail "révolutionnaire" de Cameron), la hype s’enflamma deux fois plus depuis la mi-2009, date à laquelle furent lâchées les premières images.
Le premier teaser laissa beaucoup de monde complètement de glace, laissant voir un film d’animation en images de synthèse avec quelques "vrais" acteurs intégrés. Le syndrome de la Menace Fantôme refit tout de suite surface dans l’esprit des geeks de la planète, à qui on avait promis une vraie révolution. Mais dès le lendemain, des extraits du film furent projetés en 3D dans les salles, gratuitement, et un second buzz, une seconde vague de critiques vint contrer celle de la veille. Partout sur le net, on pouvait lire "je viens de voir les extraits en 3D, mea culpa, ceux qui n’ont vu que le teaser, vous ne pouvez pas comprendre". En gros, ces images à priori trop artificielles dans un visionnage classique devenaient subitement trop belles pour être vraies avec l’usage de la 3D. Le débat se poursuivit entre les spectateurs de Quicktime HD et les "élus" ayant vu le fameux extrait en salles jusqu’à la sortie du vrai trailer, de plus de 3mn, qui mit tout le monde à peu près d’accord. Quoi qu’on ai pu en penser, qu’on ai été enthousiasmé toute l’année à la perspective de ce film de noël ou au contraire saoulé par tant de battage médiatique futile, impossible de passer à côté du phénomène. Et donc d’aller en salles se faire sa propre idée. Rien que pour ça, tout l’aspect marketing du film est à saluer, tant il a su faire preuve d’ingéniosité (ou de perversité, selon chacun).
This is waaaaaar !
Les lecteurs attentifs auront cependant remarqué que c’est ici la première fois qu’on parle de ce film. Ceci pour une bonne raison : trop de buzz tue l’attente, trahit la surprise et finit par lasser avant même que le produit final soit concrètement délivré (spéciale dédicace à mon bro’ que j’ai failli dégouter à force de le saouler avec "le meilleur film du monde, tu vas voir !" xD). Bref, révolution ou pas, finalement on s’en fout complètement. Car au fond la seule question qui compte, c’est celle là : Avatar est-il un bon film, oui ou non ?
On est sur le Boboland, c’est Bobo qui écrit, vous connaissez donc déjà la réponse. L’objectivité c’est pas trop mon truc, et dire que j’étais calibré pour aimer ce film jusqu’à la moelle serait un euphémisme. Mais on va tout de même essayer de résumer en quelques phrases courtes le ressenti général laisse à la sortie de la séance :
Oui, la 3D tue la gueule. Si révolution il y a, elle se trouve sans doute dans l’utilisation anti-gadget dont elle fait ici l’objet. Dans Avatar, pas d’objet qui vous saute à la gueule, simplement une profondeur de champ accrue, immersive au point de se faire oublier. C’est réellement une nouvelle dimension pour Cameron, au sens propre. C’est comme si on regardait le film à travers un cube et non plus une surface plane. La 3D d’Avatar est à mon sens similaire à une ligne de basse : on l’oublie en 4 secondes, mais si on venait à nous la couper en plein milieu du morceau (donc si le film repassait en "simple" 2D à la moitié par exemple), elle manquerait instantanément. La révolution potentielle se trouve donc assurément dans le manque (volontaire !) d’esbroufe dont fait ici preuve Cameron. Pour information, le cinéma dans lequel j’ai pu voir le film s’était entièrement rééquipé pour l’occasion "la 3D d’Avatar étant si poussée qu’il a fallu changer tout le matos" (dixit le caissier <.<). Donc nouveau projo, nouvelles lunettes (des sortes de Ray-Ban chinoises qu’on peut rapporter à la maison !), des couleurs resplendissantes et non voilées (pas d’effet "lunette de soleil") et zéro mal de tête, même après une projection de près de 3H. Un très bon point donc.
Pocahontas selon Cameron.
Passé la technique pure : le scénario. On fait dans le classicisme le plus absolu. Impossible de se faire spoil le film en quoi que ce soit tant on sait à l’avance absolument tout ce qui va se passer. Déjà, parce que la bande annonce racontait tout le film. Ensuite, parce que c’est une histoire qu’on connaît par cœur : oui, il s’agit bien de Pocahontas dans l’espace, et Sam Worthington incarne un John Smith des plus séduisants. Cette structure narrative ultra connue du colon prenant le parti des indigènes a été traitée maintes et maintes fois au cinéma, et Avatar en constitue une nouvelle acceptation. De mémoire, on citera : Pocahontas, donc, mais aussi Danse avec les Loups, Le Nouveau Monde (superbe version de Terence Malick) ou encore Le Dernier Samouraï. A chaque fois, le même schéma narratif. A chaque fois, pas la moindre surprise sur les personnages ou l’évolution du scénario. On voit tout venir à des kilomètres. Mais la force de ces récits classiques se situent ailleurs : d’abord, l’universalité de ce thème parlera absolument à tout le monde (on comprend pourquoi Cameron a lancé le projet Avatar avant celui de Battle Angel Alita - Gunm donc, infiniment plus casse gueule, mille fois moins grand public et surtout… déjà en production !!) et fait mouche à chaque fois : l’histoire d’amour à la Roméo et Juliette faisant le lien -à priori impossible- entre deux civilisations distinctes. Mais l’intérêt de cette structure connue réside surtout dans cette découverte d’un nouveau monde, réinventé à chaque fois pour l’occasion.
Cameron sur le plateau d'Avatar. Mattez un peu son t-shirt ! :D
Et on en arrive à la principale force d’Avatar : Dieu que c’est beau ! Les superlatifs manquent pour décrire l’euphorie visuelle qui prend le spectateur pour ne plus le relâcher durant presque 3H. Pandora, sa faune, sa flore, sa civilisation, TOUT y est absolument magnifique et on comprend sans problème les rumeurs actuelles sur un Lucas préparant du coup de nouveaux Star Wars -en 3D- tant il doit être jaloux du monde ici créé de toute pièce par Cameron. Avatar est incroyablement beau, de la première à la dernière image, absolument tous les spectateurs auront la mâchoire décrochée, quand ils ne lâcheront pas de simples "whoaaaa…". Il s’agit ici d’un véritable rêve prenant vie, on plaint Gilbert Montagné de ne pas pouvoir en profiter (il pourra pas profiter de grand-chose s’il continue de conduire des bagnoles dans les clips de l’UMP d’ailleurs xD).
John Smith dans l'espace. Avec une Gatling. o_O
La question qui se pose maintenant est de savoir à quel point la 3D joue dans ce festival visuel. Le film rend t-il vraiment plus "plastique", plus factice en 2D ? Ou garde t’il toute sa superbe car au contraire, sa beauté est ailleurs, dans l’artistique et non dans la seule technique ? Rien que pour répondre à cette question, l’achat du Blu-ray à venir est pour moi une évidence. On ne peut pas non plus s’empêcher d’être curieux sur ces nouvelles technologies 3D pour salon qui s’apprêtent à envahir nos magasins d’ici… la sortie du film en Blu-ray justement ! Faudra t-il se rééquiper entièrement ? Le jeu en vaudra t-il la chandelle ? Impossible de répondre à ces questions aujourd’hui. De toute façon, aujourd’hui, vous n’avez qu’une chose à faire : vous ruer en salles pour profiter de ce spectacle inouï.