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28 juillet 2008

Spider-Man : la trilogie en haute définition (Blu-ray)

Si il y a bien un personnage qui était attendu au tournant pour mettre en avant le format HD made in Sony, c’est bien celui Spider-Man. Gros avantage sur le concurrent HD DVD à l’époque où ils étaient encore en guerre (les films étant produits par Sony, aucune chance de les voir débarquer sur les disques au logo rouge), Peter Parker aura pourtant attendu la fin de la bataille pour émerger sur les écrans plasma et autre LCD. Voyons donc ça de plus près.

L’avantage des coffrets "trilogie" c’est qu’ils sont prétexte à se faire un speed-run comme on aimerait s’en faire plus souvent. Votre p'tit Bobo préféré aura donc passé une des journées les plus productives de sa vie à s’enchaîner film sur film, son corps fusionnant peu à peu avec le canapé dans une spirale de flemme infernale… Et tout ça, pour la beauté du journalisme, juste parce que les gens doivent savoir : le blu-ray, est-ce que ça baboule ? Et ça c’est beau.

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Oui, c'est beau.

Autant vous le dire tout de suite, des films comme ceux là justifient amplement leur transfert HD, mais ne buvons pas le vin avant d’avoir pressé le raisin, et procédons de manière organisée, voire journalistique… C'est-à-dire par ordre chronologique.

SPIDER-MAN

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Vous aussi vous trouvez que c'est beau hein ?

Le premier film de la saga de Peter Paker possède pour moi un capital sympathie énorme, car c’est lui qui a réintroduit l’univers de notre homme araignée préféré au cinéma. Et à l’époque, quelle claque nous avions pris ! Personne ne se doutait que Sam Raimi arriverait à transposer aussi bien le comic sur grand écran : son film nous offrait des personnages incroyablement attachants, par des choix de castings judicieux au possible, Tobey Maguire en tête. Soudain, le New York décrit par Stan Lee pendant des décennies de comics prenait vie ! Et pas besoin alors d’être fan de longue date pour immédiatement accrocher à ces personnages humbles, si proches de nous. Parker n’est qu’un étudiant, mieux, c’est un geek. Un féru de sciences, souffre douleur de sa classe, fou amoureux de LA fille inaccessible du bahut… Comment ne pas se prendre d’empathie pour un tel personnage, ne pas être émerveillé avec lui par ces formidables pouvoirs qui s’abattent sur lui par hasard, et terrifiés à l’idée des responsabilités qu’il va devoir alors affronter ? Au-delà de ces considérations dramatiques, on notera simplement que Spider-Man est simplement le plus fun des super-héros, un type qui s’éclate littéralement à se balancer de buildings en buildings, poussant des cris de joie au moindre balancement ! Au contraire d’autre super-héros qui restent stoïques devant leurs pouvoirs incroyables, Spidey "kiffe" avec le spectateur ses propres aventures, nous rapprochant ainsi toujours plus de lui.

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"Yeah sa mère comment je kiffe."

Le film, de par son statut de classique immédiat, ne vieillit pas et reste toujours aussi agréable à regarder, Raimi ayant focalisé sur ses personnages et non sur l’esbroufe de bas étage. Le format choisi alors par son réalisateur, à savoir un bon vieux 16/9e des familles, dénote avec les scopes choisis pour illustrer les épisodes suivants, donnant un petit côté "à part" à ce premier volume.

Graphiquement, le traitement en HD impressionne pour un film de cet âge : si en effet le grain de l’image des passages dialogués a tendance à faire penser à un très bon DVD, les scènes "en extérieur" sont bluffantes : les plans larges sur la ville donnent un sentiment de 3D impressionnant, mais surtout, le plus gros défaut des trois films se voit ici magistralement enrayé : en effet, lors des scènes de cascades, les images de synthèse remplaçant parfois les acteurs étaient un peu trop voyantes au cinéma. Après passage à la HD, ce problème n’est plus ! Ainsi, les couleurs et la définition de l’image claquent tellement qu’il devient presque impossible de faire la différence… Ce qui gênait l’œil du spectateur auparavant était la différence de rendu entre "la perfection" des images de synthèse en comparaison aux images dites "normales", créant ainsi un clivage visuel difficilement évitable (on se rappelle notamment de la scène où Peter poursuit l’assassin de son oncle Ben… Son costume laissant alors apparaître son visage, il était difficile de ne pas voir la différence avec les séquences en prises de vue réelles) Mais aujourd’hui, après un transfert en HD, l’intégralité des images dégagent ce sentiment de "perfection" dans le grain… Et donc, plus aucun soucis de transition entre les scènes réelles et celles à effets spéciaux. Les pouvoirs de Spidey, on y croit plus que jamais ! Ce phénomène s’accentuant au fil des films, c’est naturellement dans le 3e opus qu’il atteint son paroxysme, tant celui-ci use (mais jamais n’abuse) des images de synthèse…

SPIDER-MAN 2

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La classe américaine.

Aaah ! Spider-Man 2 ! Que de souvenirs, rien qu’à l’évocation de ce titre pourtant fort peu original… Sam Raimi ayant magistralement posé ses personnages dans le premier volet, il s’agissait ici de véritables retrouvailles. Et dès le superbe générique, à base d’illustrations magnifiques reprenant les éléments clés du premier film, les poils du fan se hérissent. C’est un nouveau Spider-Man, youhou ! Aujourd’hui encore, ce film représente pour moi l’apogée du "film de super-héros", l’objet filmique parfait dans son genre. Certains me rétorqueront qu’il y a maintenant The Dark Knight, je leur répondrais qu’il ne s’agit pas vraiment, à mon sens, d’un film de super-héros (voir notre petite review en bonne et due forme). Spider-Man 2 focalise tous ses enjeux narratifs sur la responsabilité qui incombe à Peter Parker, le mettant face aux difficultés d’une double vie qui l’oblige forcément à en planter une. Alors que sa vie d’homme "normal" se voit petit à petit détruite par ses obligations costumées, il choisira d’essayer l’inverse, à savoir rester un simple étudiant. A côté de ça, le méchant choisi ici par Raimi, un de ses préférés, se révèle superbe. Otto Octavius n’est pas un être vil et démoniaque comme l’était le Bouffon Vert, juste un passionné perdant les pédales, prêt à tout pour mettre un terme à son projet. Ses combats contre Spidey sont d’une intensité alors rarement atteinte au cinéma, de véritables morceaux de comic book sur pellicule faisant immédiatement arborer le plus grand des sourires aux fans lambda. La scène du métro, par exemple, regroupe à elle seule toute l’essence du comic : un combat dantesque et incroyablement visuel, Spidey se balançant de toile en toile tout en sauvant des gens lâchement utilisés par son ennemi, et enfin, Peter puisant dans ses dernières ressources, à visage découvert (!) pour stopper ce train infernal fonçant à la catastrophe. Beaucoup de gens ont souri dans les salles lorsque après avoir tout donné, Peter est "soulevé" par les passagers du métro cherchant à le soutenir. "lol c’est Jésus" aura-t-on entendu à droite à gauche. Ce genre de réactions est totalement symptomatique d’un public aujourd’hui habitué au cynisme, aux clins d’œil et au second degré. Hors, pour Sam Raimi, Spider-Man, c’est du sérieux. Il n’y a ici aucun second degré, aucune référence. Il s’agit d’amour à l’état brut, entre un réalisateur et son personnage. Spidey est ici tout simplement porté "en héros" (Jésus n’a jamais été soulevé par la foule, sans rire <.<) par les gens qu’il vient de sauver. Quoi de plus normal ? S’en suit une scène très touchante où les passagers se rendent compte que l’homme qui veille sur eux n’est qu’un gamin. Ce genre de scènes, destinée à véhiculer une certaine image de l’Amérique, aura toujours du mal à passer auprès du public français, d’autant plus cynique quand il s’agit des américains. Et pourtant ! Il s’agit là d’une part essentielle du comic, de la relation entre un héros et sa ville. D’autant plus que cette scène est bien moins assénée au marteau piqueur que celle du premier opus ("You mess with one of us, you mess with all of us !").

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"Ouais je suis américain. Et alors ? Vous avez quoi vous ? Super Dupond ?!"

On pourrait se demander quel malin plaisir prend Sam Raimi à faire tomber le masque de Spidey à tout bout de champ dans cet opus, mais la réponse emble évidente : tout le propos du film réside dans l’acceptation pour Peter de son statut de héros (au lieu de le confronter en permanence à sa "vraie vie"). Le montrer en costume, mais démasqué, évoque forcément le caractère fusionnel que prennent peu à peu les deux aspects de sa vie. Spider-Man n’est pas la deuxième identité de Peter Parker. Il ne s’agit pas pour lui d’un rôle, ou d’une comédie. Spider-Man EST Peter Parker. Ce n’est d’ailleurs qu’en l’acceptant qu’il retrouvera la totalité de ses pouvoirs. Et Raimi de le montrer à visage découvert en permanence, pour appuyer sur cet état de faits. Jamais super-héros n’aura autant tombé le masque dans une seule et même aventure que dans ce film ! Après s’être révélé aux passagers du train, Peter verra son visage découvert par son meilleur ami, et pire ennemi en même temps, amorçant ainsi toute la tragédie que constituera le troisième opus. Même le méchant du film, Octavius, aura droit à la révélation de l’identité de Spidey. Enfin, évènement pour le moins inhabituel et surprenant, la copine du héros l’apprendra également ! Alors que des centaines d’autres histoires du même genre ont joué au chat et à la souris pendant des années (le comic de Spider-Man inclus), le 2e film verra "M.J." s’émerveiller devant le secret du plus cool des super-héros.

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Spidey face à sa ville... A visage découvert. La thématique est là.

Si l’on s’intéresse de plus près au blu-ray en lui-même, inutile de dire que redécouvrir cet opus en HD est un plaisir de fan assez rare. Les nombreuses scènes de bataille entre Spidey et Octopus en ressortent magnifiées, presque glorifiées tant l’image est ici sublime.  Tout comme dans le premier opus, les effets spéciaux profitent  à fond du transfert HD pour s’immiscer parfaitement dans les prises de vue réelles, annulant toute la distance qu’il pouvait y avoir auparavant entre les combats et les dialogues. L’interactivité du blu-ray (rattrapant enfin, avec plus d’un an de retard, le support HD DVD… A se demander comment l’autre format a pu se faire enterrer…merci la PS3) permet également de profiter de la version alternative du film, appelée Spider-Man 2.1. En plus d’un nom à coucher dehors, ce nouveau montage, outil infernal de promo en vue de la sortie du 3e film sur les grands écrans, se révèle forcément moins bon que l’original (entre un montage initié par les producteurs pour rassembler un peu plus de thune et la vision initiale du réalisateur, le choix est vite fait en même temps). Qu’avons-nous là ? Une version alternative de la scène où Spidey prend l’ascenseur (super). Moment drôle dans le film d’origine, la scène prend ici des allures de private joke entre les acteurs, comme un out-take réalisé juste pour déconner. Et qui n’a donc pas du tout sa place dans le film (ou alors dans un éventuel bêtisier, au générique de fin ? Jackie Chan powa !). Deux trois plans inutiles par ci par là, et deux trois coups supplémentaires dans la baston entre Spidey et Doc Oc sur la rame de métro. D’habitude, le geek qui sommeille en moi est le premier à bouffer des extended cut de bagarres (super ! ils se tapent encore plus !) mais ici, on comprend pourquoi Raimi avait coupé ces passages : ils plombent le rythme et ne font pas avancer l’intrigue/le combat. Bref ils ne servent à rien. Comme ce montage promo effarant, juste destiné à ressortir le DVD dans les magasins à l’époque, en espérant que les fans de base rachètent une seconde fois le film pour profiter de ces fameuses "8 mn inédites" (au secours). Bref vous l’aurez compris, le conseil du Boboland, c’est de rester bloqué sur le vrai Spidey 2, le seul et unique meilleur film de super-héros de tous les temps, à ranger à côté du Superman de Richard Donner dans votre DVDthèque.

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"Quoi, derrière moi ? Ah, ça ? C'est mes bras. C'est trop bien le blu-ray, hein ?"

SPIDER-MAN 3

Et on arrive enfin au 3e et dernier opus (en date), celui qui fait débat dans la presse et chez les fans. Ce débat, à vrai dire, avait même commencé avant le tournage du film. Il tenait en une simple revendication : les fans voulaient voir Venom. Mais il y a un problème : Sam Raimi n’aime pas Venom, le personnage ne l’a jamais intéressé. Ainsi, Raimi est fan de ce qu’il appelle "l’âge d’or" du comic Spider-Man, autrement dit l’époque où Spidey était une bonne BD destinée à tous les publics, avec de l’action mais jamais de violence (crédo de Stan Lee). Les deux premiers films reflètent complètement cet état d’esprit, avec des méchants de la vieille époque et des intrigues simples (à mille lieux des conflits planétaires des Secret Wars par exemple). Ce paradoxe, ce décalage entre l’attente des fans et les souhaits du réalisateur aura fini par donner cet étrange (mais fascinant) patchwork que constitue ce 3e Spider-Man.

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"J'ai déjà vu ce mec quelque part..."

Ce film est ainsi le premier de la série à connaître de vrais problèmes de scripts, des incohérences trop vite expédiées et toutes liées… au personnage de Venom. Lors du deuxième épisode, Raimi s’était ouvert une porte scénaristique pour l’introduction de ce personnage en la personne du capitaine John Jameson, fils du patron du Daily Buggle, alors promis à la chère et tendre de Spidey (il la demande en mariage au milieu du métrage) et surtout (ça a son importance) astronaute de son état. Les scénaristes ne pouvant évidemment pas aborder la saga du symbiote comme dans la BD (avec des histoires de conflits dimensionnels hallucinants), ce personnage leur permettait d’introduire cet arc de façon cohérente pour l’univers filmique de notre ami Spidey. La thèse qui circulait le plus souvent était que cet astronaute ramènerait par mégarde ce symbiote de l’une de ses missions spatiales. Jaloux de Peter qui lui a volé sa promise, il se serait alors changé en Venom.  Raimis’était même permis un petit "teasing" sur la fin du deuxième film, en nous montrant ce personnage voler à la rescousse de M.J. en effectuant un saut légèrement (juste légèrement) surhumain (pour preuve les flics ne pouvant pas le suivre). Ce plan très rapide, passé souvent inaperçu auprès du grand public n’avait que pour seul but de nous montrer les capacités hautement athlétiques du personnage… Bref de teaser sur un éventuel rôle bien plus important pour la suite. La suite logique aurait d’ailleurs été vraiment que ce soit lui Venom.

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"Bordel, comment tout le monde m'a oublié... Quoi, j'ai pas de charisme ?"

Mais surprise, la production annonce avoir embauché un acteur pour jouer le rôle d’Eddie Brock (autrement dit Venom), fermant par là même cette porte scénaristique intéressante que s’étaient ouverts les auteurs du 2e film. Le truc, c’est que Raimi ne veut pas que le méchant soit Venom. Lui, il veut l’homme des sables, le Sandman. C’est un personnage encore une fois plein de tragédie, que Raimi aime beaucoup, et qu’il juge intéressant pour les films. S’en suivent des compromis entre les producteurs, les scénaristes et le réalisateur pour finalement aboutir au fait que la thématique de ce 3e opus sera le côté sombre de Spidey, avec l’introduction du symbiote et du costume noir. De son propre aveu, Raimi juge l’angle d’attaque intéressant mais évoque un problème majeur : le script est déjà plein à craquer.

En effet, la logique (et le réalisateur) voulait que ce 3e opus soit finalement centré sur le Sandman et le côté sombre de Peter, introduisant le symbiote et annonçant Venom pour un éventuel 4e opus. 4e opus qui aurait été confié à quelqu’un d’autre, Raimi souhaitant arrêter et n’aimant pas plus que ça cette période du comic, bien que comprenant que les fans la désirent. La vie aurait été merveilleuse dans ce monde parfait, mais les déboires de production en décideront autrement.

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"Euh... Les copains, on a un truc bizarre qui est en train de nous phagociter le script, là..."

"Venom sera dans le film. Point. Les fans le veulent, alors tu l’y mets." Voici sans doute les instructions reçus par le réalisateur pour la mise en boîte de son film. Et comme on le sent de trop, ce Venom !

Le scénario étant déjà plein à craquer, il ne peut apparaître que durant le dernier quart d’heure du film, et sa métamorphose se fait à une vitesse hallucinante (le symbiote lui tombe dessus, il a ses pouvoir dans la seconde, grand combat la scène d’après). Son association avec le Sandman est incohérente, expédiée en trente secondes dans une ruelle sombre, et sa fin est toute aussi expéditive. Un tel personnage aurait mérité un vrai développement sur tout un film, comme le Bouffon vert dans le premier, Doc Oc dans le second ou même encore le Sandman dans le 3e (qui constitue d’ailleurs un très beau méchant, au propre comme au figuré). Ici, Venom est juste con. Il est bête et méchant. Alors oui dans les grandes lignes, sa psychologie est la même que celle du comic (haine récurrente pour Parker, acceptation totale de son symbiote…) mais elle est tout de même plus éthérée dans la BD, plus en finesse quoi. Ne serait-ce que prendre le temps d’expliquer pourquoi ses pouvoirs sont similaires à ceux de Spider-Man aurait été sympa pour les spectateurs lambda.

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"J'ai une licence en psycho-socio. D'où tu me crois pas, toi ?"

Bref pour moi, Venom est de trop. Et c’est dommage quand on voit les qualités du film : la relation Peter / Harry est très bien gérée, et son dénouement nous fait même verser une larme à l’œil, tandis que le côté sombre de Spidey est traité à la Sam Raimi, c'est-à-dire avec un brin d’humour, histoire de désamorcer la gravité des évènements. Les fans lui reprocheront longtemps cet "émo-Pete" qui danse et se la pète alors que dans le comic, le costume noir est sensé réveiller en lui de véritables instincts de tueur. Mais Raimi reste Raimi, et il avait prévenu : cette période du comic n’est pas pour lui. Lui, c’est un enfant de 10 ans qui adore lire, tout émerveillé, les aventures pleines d’action de l’homme araignée. Il ne fait pas partie de la génération qui "kiffe" de voir ses héros se torturer en tout sens, ce n’est pas de son époque.

En résulte un film intéressant, toujours captivant dans les rapports entre ses personnages et encore plus époustouflant quand on aborde les scènes d’action (toutes absolument magnifiques et sidérantes en terme d’échelle), mais plombé par un Venom quelque peu décevant, en dépit de la très bonne prestation de son interprète, qui fait ce qu’il peut avec le petit nombre de scènes qu’il a.

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"Comment ça je suxx ? Putain j'aurais du rester au 70's Show..."

Pour finir comme d’habitude sur le plan technique, le blu-ray de Spider-Man 3 vous fait vraiment entrer dans une autre dimension. On sent bien que Sony a tout misé sur ce film (les deux autres ne sont par exemple disponibles que dans le coffret trilogie) et dire que l’image est absolument sidérante est un euphémisme. On touche ici à la perfection absolue, la précision de la définition rejoignant sans problème celles des autres standards du format tels que I AM LEGEND ou encore Pirates des Caraïbes 3. Les scènes d’action sont, pour le coup, absolument étourdissantes. Lors de sa sortie en salles, Spidey 3 avait presque un côté “dessin animé“ tant il regorgeait de doublures numériques et autres images de synthèse, nécessaires à la mise en place de ses cascades hallucinantes. Comme avec les deux premiers films, mais de manière encore plus flagrante ici, le passage à la HD est un bénéfice énorme pour le film, fondant ces bastons homériques dans les scènes de dialogue sans la moindre accroche visuelle. A voir absolument !

Pour terminer, bien que ce coffret soit appelé "trilogie", il est évident que Sony ne compte pas lâcher ainsi sa poule aux œufs d’or. Ainsi, à l’heure où ni Sam Raimi ni ses interprètes ne savent si ils veulent vraiment continuer, et qu’aucun scénariste n’a été vraiment embauché, Sony a annoncé la date de sortie officielle de Spider-Man 4 pour mai 2011 ! Rappelons quand même que ce mois devrait également voir sortir The First Avenger : Captain America ainsi que la deuxième partie de Harry Potter et les Reliques de la Mort (la Warner ayant décidé de couper le film en deux, pour des raisons de script trop dense et… de thune à se faire). ce fameux mois de mai 2011 risque donc d’être très chargé, mais avant de s’extasier, les patrons de Sony Pictures devraient peut être penser à réunir une équipe pour faire le film… Et si les vieux lâchent la baraque, alors une toute nouvelle interprétation devra être donnée au personnage (on a du mal à imaginer Peter Parker avec un autre visage que celui de Maguire, tant celui-ci a su gagner l’affection du public). Rendez-vous dans 3 piges pour la review de la suite… ou pas.

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25 juillet 2008

The Dark Knight

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Dantesque. Epique. Colossal. Grandiose. Même regardé à travers une copie pourrave à l’image blafarde et au son étouffant la moitié des dialogues, The Dark Knight ne peut qu’éblouir. Constat sans doute paradoxal pour un film qui se veut traiter de la noirceur de l’âme humaine… Mais inutile de tergiverser plus longtemps : si ce film était attendu comme le messie de l’été, voire de l’année, il se révèle au final bien plus que ça. The Dark Knight constitue à mon sens tout simplement le meilleur "film de super héros" jamais sorti, même si dans son cas cette appellation semble réductrice et péjorative. En effet, si l’on cherche absolument à catégoriser cet objet filmique hors du commun, le genre dont on le rapprochera le plus certainement s’avère être le polar… et force est de constater que le dernier polar de cet acabit, de cette envergure, bref avec "autant de gueule" que celui-ci n’était autre que HEAT de Michael Mann. Alors oui, oui, rien dans cette remarque de bien original, toute la presse semblant en effet s’être passé le mot. "Bon sang, ça fait vraiment penser à Heat !" nous disait-on dès Noël dernier, lorsque le braquage d’ouverture du film était projeté avant le I AM LEGEND de Will Smith (sur les écrans Imax). Mais ce n’est pas parce que toute la presse s’est passée le mot qu’on va dire que c’est faux, la rébellion pour la rébellion, c’est pas le style de la Cave. Oui, le dernier polar de cette envergure, c’était Heat. Et Heat, c’était il y a dix piges. D’où la remarque assumée : The Dark Knight est sans doute l’un des meilleurs films de la décennie. Point.

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"Ouais... Et puis Al Pacino il avait pas de moto qui baboule, lui !"

Car comment ne pas succomber totalement face à ce polar absolument monstrueux ? Face à cette intrigue immensément complexe (assurément l'un des scénario les plus denses jamais écrits), à ces personnages en proie à tous les doutes, oscillant en permanence sur le fil du rasoir ? Comment ne pas trembler devant la folie de ce Joker, plus effrayant encore que dans le pire de nos cauchemars ?

Le Joker. Alors certes il n'y a pas que lui dans le film, Nolan ne réitérant pas ici les erreurs de Burton, et oui, les qualités de ce métrage sont tellement nombreuses que vous ne pourrez jamais les répertorier… Mais nom d’un cubi pas cher ! Ce Joker ! C’est tout ce qui vous restera dans la tête après être sorti de la salle. Heath Ledger. On attendait beaucoup de sa prestation, on sait maintenant qu’il restera dans les annales pour ce rôle, assurément celui de sa vie. L’acteur fait en effet preuve ici de véritable génie, magnétisant littéralement l’audience à chacune de ses interventions. Le moindre de ses gestes, de ses mots glace littéralement le sang…Car jamais bad guy n’aura été si bien défini que celui du nouveau film de Nolan. Le traitement réservé à ce personnage est simplement époustouflant. Le Joker est ici complètement taré, totalement imprévisible (voir pour s’en convaincre son tour de magie sur le stylo !), et surtout, impossible à cerner. Pour le spectateur, pour les personnages du film. Personne ne le comprend. Personne ne sait qui il est. Ce qu’il veut. Où il va. Il est exactement à l’image de ce que nous promettait Nolan : c’est un électron libre, un être insaisissable, masochiste agissant systématiquement avec deux coups d’avance dans cette grande partie d’échecs le liant à Gotham.

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"How about a magic trick ?"

Il est d’ailleurs intéressant de constater qu’absolument TOUS les personnages du film sont pétrifiés de peur face à ce "freak", car il ne poursuit absolument aucun schéma logique. Le Joker est l’incarnation parfaite du chaos, il représente en somme quelque chose comme la fin du monde… Le manque total d’espoir. C’est d’ailleurs là la thématique centrale de ce film choral magistral. Gotham est une ville en proie au désespoir le plus total, comme si le schéma prévu par Ras Al Ghûl dans le premier opus s’avérait finalement vrai. La décadence faite ville. L'omniprésence de la peur.

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"Euh... C'est pas moi. Je vous jure."

Mais de cette folie n’émergera pas que du mauvais. Ainsi, le personnage d’Harvey Dent sera assimilé à l’autre facette de la pièce qu’il partage avec Batman. Dent, finalement, n’est autre que le White Knight. Mais dans une ville rongée à ce point par le vice et le crime, un tel chevalier a-t-il une chance finalement, de l’emporter ? Il ne faut pas être un fan absolu de l’univers de Batman pour connaître, dans les grandes lignes, le funeste destin de ce personnage shakespearien au possible. Sans pour autant tomber dans le spoil, on pourra considérer la tragédie de Dent comme le pivot narratif du métrage, une tragédie prenant une ampleur inconsidérée lors de l’acte final… et qui ne fera, encore et toujours, que faire rejaillir le machiavélisme absolu et génial du Joker.

Pour revenir justement sur le Joker, il est important de préciser que si ce personnage est aussi réussi, ce n’est pas seulement grâce à la performance de son acteur mais aussi grâce au traitement génial dressé ici par les frères Nolan. La perfection sublime émanant de cet être machiavélique résulte vraiment d’un alliage parfait de ces deux caractéristiques… C’est parce qu’il a été aussi bien écrit ET parce qu’il est aussi bien joué qu’il fonctionne tellement à l’écran… Un esprit malsain dans un corps malsain, en somme….

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Heath Ledger dans ses premiers essais de costume. Déjà, il le faisait grave.

En termes d’écriture justement, ce personnage a été traité comme l’antithèse de celui de Burton dans le 1er Batman… Ici, le Joker n’a jamais été "fabriqué" par Batman et vice-versa. Ici, comme on l'avait vu dans Begins, le meurtrier des parents Wayne n’a jamais été ce Jack Nappier qui s’apprête à virer "Clowny-Shake" dans la demi-heure… Non, ici, on ne saura jamais, mais alors jamais, qui est vraiment le Joker. Et ceci pour une raison simple : sa  véritable identité n’a aucune importance, car elle n’existe tout simplement pas. Il ne donne pas ici l’impression d’un avant et d’un après, comme le passage de la cuve d’acide dans le film de Burton, qui le changeait de gangster un peu salopard sur les bords au statut de véritable monstre. Ici, le Joker semble intimement, profondément taré…depuis toujours. Et ce maquillage, qu’il n’a bien sûr pas porté toute sa vie, prend seulement des airs d’accomplissement. Comme si l’avènement de l’ère du Chevalier Noir lui avait enfin permis d’exprimer totalement qui il était au fond de lui. C’est d’ailleurs tout le propos du film que celui-ci, toute cette thématique était déjà contenue dans la scène finale de Batman Begins (on se rappellera le fameux dialogue sur l’escalade dans la guerre contre le crime).

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Le Jambody avant qu'il n'enfile son costume.

Batman "inspire" littéralement Gotham, comme il le souhaitait dès l’épisode précédent (dans lequel il parlait de devenir un symbole, incorruptible, et signifiant quelque chose pour les gens). Mais cette inspiration prend des formes qu’il n’aurait jamais imaginé. Comme le dit si bien le Joker : il a "changé les choses" et on ne peut pas revenir en arrière. Ainsi, le Joker semble être l'illustration pure et simple, en même temps que le nouveau moteur, de ce changement propre aux rues de Gotham. Le propos majeur du film réside donc dans la responsabilité qui incombe à nos actes…

Et nul doute que le prochain chapitre traitera inévitablement des conséquences, vu la tournure surprenante (et carrément géniale) que prennent les évènements à la fin de celui-ci…

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"Ah. Ah. Ah."

Nolan l’avait déjà prouvé avec Batman Begins : il a su s’affranchir de tout ce qui avait été fait avant lui pour nous pondre sa propre vision du personnage… Une vision plus humaine, plus réaliste, mais aussi plus effrayante. On ne le pensait pas capable de faire aussi bien que le premier opus tant celui-ci tenait du parcours sans faute, et pourtant The Dark Knight surpasse toutes les attentes. Bien loin de faire seulement dans le "bigger and louder", il amène ses personnages et son univers à un tout autre niveau, le drame touchant ici véritablement au sublime et constituant là un authentique et véritable chef d’œuvre, comme en voit… tous les dix ans.

On serait même tenté d'aller plus loin... Car finalement, on pourrait oser ici une autre (et dernière) comparaison. Pour vous donner un ordre d’idées, il s’agit sans aucun doute de l’Empire Contre Attaque des films de super-héros. La seule différence ici étant qu’on sait d’ores et déjà que la suite, contrairement à la saga de Lucas, ne laissera strictement aucune place à la lumière. Tout simplement parce que le happy end ne semble plus exister dans les sombres rues de Gotham.

Et que les derniers sourires illuminant ses personnages... sont érigés au fil d'une lame acérée.

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"Let's put a smile... on that face."

21 juillet 2008

Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots

Etre fan, parfois, c’est compliqué. Votre Bobo préféré avait prévu de vous servir un bon gros dossier des familles sur la saga Metal Gear, préparant ainsi le terrain pour l’arrivée imminente de ce 4e opus. Faute de temps (et de motivation), je me serais finalement terminé cet ultime épisode avant d’attaquer cette série d’articles consacrée à papi Snake… Et après avoir claqué Guns of The Patriots, on se rend à l’évidence : c’est comme ça qu’il faut faire. Partir de la fin, pour revenir peu à peu aux origines… Back to Zero, comme dirait l’autre zombie <.<

Le grand dossier Metal Gear du Boboland va donc débuter par l’épisode 4… Mais non on ne se prend pas pour Georges Lucas. Note importante : vu qu’il ne s’agit pas ici d’un test mais d’une sorte de réflexion à posteriori, il est évident qu’on va prendre un malin plaisir à spoil dans tous les sens, alors avis à la populace :-p

MGS4

"Putain, je suis trop vieux pour ces conneries !"

04. “You are nobody’s tool now… No one’s toy anymore”.

Cette phrase, une des (toutes) dernières prononcées à l’encontre de Snake lors de la (très) longue scène finale résume à elle seule la caractéristique principale de MGS4. Snake n’est plus un jouet, ce n’est plus une marionnette dans les mains du joueur. Dans cette optique, pas étonnant, finalement, qu’on le contrôle si peu. Snake n’a plus besoin de nous, il avance seul face à son destin (et ce, dès l’écran titre du jeu !). Il est d’ailleurs intéressant de constater que le (justement) fil rouge du jeu se résume à "libérer" des marionnettes… Les membres des "Beauty and the Beast", à savoir les 4 boss du jeu donc, ne trouvant la paix qu’une fois que Snake les a littéralement exorcisé, annihilant en eux toute forme de contrôle (mention spéciale pour le dernier boss où il faut… couper les fils de sa marionnette !).

Snake avance donc. Seul. Vers un chemin inéluctable, déjà tout tracé, balisé par tous les volets précédents. Le joueur n’a donc plus grand-chose à faire, si ce n’est pousser le stick analogique vers l’avant. Toujours vers l’avant. C’est quasiment la seule interaction qui nous est ici proposée, et encore, lorsqu’on veut bien nous laisser un (strict) minimum de contrôle. Cette volonté d’aller vers l’avant, de foncer tête baissée vers son destin (la fin du jeu, la fin de l’intrigue globale, la fin de Snake lui-même), trouve une incarnation parfaite dans la toute dernière phase de gameplay proposée au joueur… A cet instant, Kojima et son équipe ne font en effet plus dans la métaphore : Snake doit véritablement courir tout droit à travers une dizaine de couloirs tous identiques, se rappelant alors au fur et à mesure tout le chemin qu’il aura accompli pendant plus de dix ans. Plus loin encore, le joueur verra son avatar tomber (pour la millième fois du jeu), perdre ses forces, mais toujours chercher à avancer. S’en suivra alors une scène mémorable, où le joueur devra user de toutes ses ressources physiques (en spamant le bouton triangle jusqu’à la crampe) pour faire ramper Snake à travers ce qui semble être véritablement le couloir de la mort, une scène montée en parallèle (par le biais d’un split-screen habile) avec tous les autres champs de bataille alors en mouvement. On observe nos camarades sur le point de mourir, en sachant que le seul moyen de les en empêcher est encore et toujours d’avancer vers notre propre fin. Sacrifice et courage. Et donc oui, finalement, la motivation principale du joueur est ici d’avancer, et seulement ça. La seule autre chose à faire ensuite est de contempler le dénouement d’une intrigue qui nous aura tenu en haleine pendant plus de dix ans.

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"J'avance, j'avance... Mais vers où, bordel ? J'y vois rien avec ce truc..."

Cette réflexion sur le principe du gameplay nous amène tout naturellement à tenter de définir, finalement, ce qu’est MGS4. Lorsque je pris sur moi d’en montrer des passages à quelques amis, une réflexion tomba régulièrement : "C’est long… putain c’est long… A la limite t’as l’impression de regarder un anime, mais c’est pas un jeu…" (copyright bert xD) Et force est de constater qu’on ne peut pas vraiment lui donner tord, le bougre. MGS4 est vendu comme un "jeu vidéo", mais il tient indubitablement plus de la vidéo que du jeu véritable, ce constat s’établissant à la simple vue du ratio gameplay / cinématique : en gros, on joue en général un quart d’heure (grand maximum) pour ensuite s’enchaîner parfois plus de deux heures trente de cut-scènes (si on combine par exemple la fin d’un acte, le briefing de l’acte suivant et enfin son introduction même). S’agit-il d’un film pour autant ? D’un film interactif, sans doute ? Quoi qu’il en soit, on comprend pourquoi le projet des studios américains d’adapter Metal Gear en film depuis des années n’a ni queue ni tête : Metal Gear Solid est une œuvre de fiction hybride, au croisement de plusieurs médias, et donc de différents moyens de raconter une histoire, tous utilisés pourtant de manière pertinente, au service de la narration. Alors non, ça n’est pas vraiment un jeu vidéo. Ca n’est pourtant pas non plus un film,  pas tant pour le simple fait de devoir remuer un peu la manette 5mn toutes les deux heures, mais plus pour la connexion qui lie alors le joueur / spectateur à l’histoire se déroulant sous ses yeux. La séquence finale décrite plus haut est à ce titre évocatrice au possible : ni le cinéma ni le jeu vidéo à proprement parler ne pouvait créer ce genre d’instant et les émotions qu’il suscite. Simplement parce qu’on nous demande, à nous pauvre joueur, d’être celui qui avance, au sein de ce film cataclysmique. On nous demande de nous sacrifier. D’avancer. Détail déterminant : la jauge de vie de Snake touchant à sa fin, c’est uniquement sa jauge de mental, sa volonté, notre volonté, qui lui permettra d’accomplir ce dernier baroud d’honneur. Un instant mémorable dans la vie d’un joueur, qui vaut sans aucun doute toutes les frustrations accumulées jusque là.

03. “C’est long… Putain c’est long…”

Car de la frustration, il va y en avoir, et bien plus encore que dans les épisodes précédents. Comme d’habitude avec Kojima, on peut théoriser à tout va, chercher à tout expliquer comme un gentil petit fan considérant le papa de Snake comme Dieu… (Kojima s’attribuant lui-même la "Voice of God" dans le générique… WTF ?!?) Mais force est de constater que bordel, c’est parfois très très long ! L’aspect cinématographique prédomine donc ici encore plus que dans tous les épisodes précédents réunis, à un point qu’on a parfois l’impression que ça emmerdait presque les développeurs de caller un niveau entre deux cinématiques <.< Pour un Marcus en puissance de la manette comme moi, rien ici de négatif, bien au contraire. Mais le gamer moyen s’en verra forcément frustré, voire parfois atterré (cauchemar de l’acte III : 10mn de gameplay, plus de trois heures de cinématiques !). En fait, acheter le nouveau MGS, c’est un peu comme acheter l’intégrale de la nouvelle saison de sa série préférée : on va se faire un speed-run d’une vingtaine d’heures de film pour voir enfin aboutir notre petite intrigue chérie. MGS4, c’est ça, avec des bouts de jeu dedans. Surtout que comme à l’habitude, les possibilités offertes par les cartes (véritables gruyères pleins de trous, possédant mille passages différents) et le gameplay sont immenses. Le seul hic résidant dans le fait qu’à aucun moment, le joueur n’a besoin d’explorer ces possibilités. Bah non, puisque forcément, tout ce qu’on lui demande, c’est d’avancer. D’aller d’un point A à un point B. En général au nord. Limite, en speedant au milieu des bombes et des gunfights, ça passe, avec une ration ou deux et un peu de bol.

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"T'as un problème avec mes cinématiques ?"

Et donc, non, on ne joue pas des masses. Et même quand on joue, on ne fait pas grand-chose. A quoi attribuer cet état de faits ? A l’évidence, il s’agit ici de la volonté de l’auteur de mettre définitivement un point final à son intrigue. La totalité de MGS4 résonne donc comme un immense épilogue de la saga, cherchant avant toute chose à boucler la boucle. Dans cette optique de résolution de tous les enjeux et conflits générés par les trois premiers épisodes, MGS4 n’a finalement pas vraiment le temps de nous laisser nous amuser. On n’est plus là pour s’amuser, bordel. C’est limite hors de propos, semble nous dire Kojima. On est là pour voir la fin, pour atteindre le bout du chemin, pour obtenir enfin nos réponses tant désirées. Il est d’ailleurs étonnant de voir qu’avec la pression que leur jeu portait sur les épaules (besoin vital de faire décoller la PS3 niveau ventes) les équipes de Konami aient opté pour le fan-service le plus total. Plus que jamais, ce 4e épisode est donc destiné aux fans et à eux seuls. Aucun newbie ne peut donc ici se servir de ce jeu comme d’une passerelle pour découvrir la saga : d’une il ne comprendrait absolument rien à ce qui se passe, et de deux, il trouverait ça forcément tout pourri (bah c’est quand que je joue ?).

02. Metal Gear, saison 4

Dans cette propension à l’explication, aux tirades sans fin et aux diatribes passionnées, jamais jeu n’aura autant compté de "cinématiques" que celui là. Et il ne s’agit pas uniquement d’une question de longueur, mais parfois de choix de direction… Explications : le personnage de Raiden, par exemple, effectue ici son grand retour, pour la plus grande joie de ses fans et la surprise de ses détracteurs. Détail intéressant de ce come-back : Raiden ne fera jamais, mais alors jamais, partie de l’univers "in-game". Autrement dit, il n’apparaît qu’exclusivement par le biais de cut-scènes, certes au sein de cinématiques pour le moins somptueuses et pleine de classe, mais jamais dans le jeu à proprement parler. Je ne parle même pas ici du fait de pouvoir le contrôler, mais simplement de celui de le croiser en tant que PNJ, de le visualiser sur la map avec vous… comme c’était le cas avec Snake dans MGS2 (Snake se joignait à vous et vous apportait son aide durant l’assaut final, provoquant un sentiment de griserie chez n’importe quel joueur). Ici, Raiden est un personnage exclusivement cinématographique… Ce choix ne pouvant provoquer que la plus grande des frustrations lorsque, par exemple, on le voit affronter Vamp au sein d’une scène "Matrixienne" en diable. Ce combat élégant, stylé mais aussi (avouons-le) "over the top" et "ultra too much" ne nous cède à aucun moment le contrôle des évènements… Reconnaissez qu’il s’agit ici d’une première pour un jeu vidéo : deux personnages importants, majeurs, en arrivent à un moment de l’intrigue où ils doivent se foutre sur la gueule, et on ne vous laisse pas jouer ce combat <.< Kojima semble même s’amuser de notre frustration lorsqu’il nous concède, bien plus loin dans le jeu, un second round où l’on a enfin le droit de jouer un peu… mais dans la peau de Snake qui essaie de "gagner du temps" pour Raiden ! Et Raiden de tauler Vamp une deuxième fois à travers une nouvelle cinématique, mais montée en split-screen avec la phase "jouable" de Snake. D’autant plus frustrant que le joueur, concentré sur le fait de ne pas voir papi Snake claquer comme une merde, ne peut pas admirer ce superbe combat qui se déroule dans le coin droit de l’écran !

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"A partir d'aujourd'hui, toi t'es ma biatch, compris ?"

Plus fort encore, Kojima m’aura fait très peur quand au tout dernier combat, celui opposant Snake à son alter ego de frère. Alors qu’on s’attend à jouer comme on le fait d’habitude depuis trois jeux maintenant (tous les MGS se terminent par un "simple" combat à mains nues), on regarde ébahi les deux papis se foutre sur la tronche comme jamais, à travers un combat dantesque mêlant cassages de bras et shoots de stéroïdes. Ce combat constitue assurément l’un des plus beaux combats finals qu’il m’ai été donné de voir mais il suscita en moi un nombre incroyable de questions : Kojima va-t-il vraiment le faire ? Va-t-il pousser le vice jusqu’à nous priver du dernier combat, uniquement pour nous prouver que nous n’avons plus aucun contrôle sur son intrigue, que ses personnages vivent et meurent désormais par eux même et pour eux même ? Fort heureusement, le bonhomme n’est pas si égoïste qu’il veut nous le faire croire et finit, après plusieurs minutes dantesques, par nous céder la manette, pour un dernier combat mêlant habilement… cinéma et jeu vidéo (chacun de nos cous déclenchant en effet une sorte de micro cut-scène avec prise de catch inside et autres joyeusetés)!

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"T'as un problème avec les stéroïdes ?!?"

01. La trahison nécessaire ?

Kojima trahit donc ici son joueur. Le bougre nous aura fait croire qu’on pouvait influer sur cet univers et ces personnages, mais il n’en est rien. L’intrigue se déroule avec ou sans nous, la seule option qu’il nous reste est de zapper (ou pas) ces interminables cinématiques… Mais ce serait alors se priver de l’essence même de cette expérience que représente la dernière mission de Snake. De ce chemin de croix tant hallucinant qu’halluciné, de ce maelstrom de personnages tous plus mourants les uns que les autres, ne cherchant même plus à fuir la fatalité de leur inéluctable destin, de ces êtres n’ayant presque plus rien d’humain, tenant encore debout uniquement grâce à des palliatifs artificiels…. Drogues, corps génétiquement modifiés, membres cybernétiques… Ici même le sang n’est plus rouge. Raiden, en quête permanente de son humanité perdue, possède en effet un sang dénué de toute couleur ou teinte, un sang vierge de toute vie, un sang…. tout simplement blanc.

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"En même temps, c'est normal, vu comment je suis émo... Quoi, pas drôle ?"

Et qu’il est difficile à soutenir, ce chant funéraire ! Jamais nous n’avions contemplé de personnages aussi marqués par cette saloperie de destin, des êtres ne cultivant plus le moindre espoir quand à leur issue personnelle, mais se relevant encore et toujours, pour un objectif plus grand, plus noble que leur propre existence… Snake, ainsi, est annoncé comme mourant dès le début de l’intrigue. Son corps dépérit, et son vieillissement accéléré semble lui laisser au maximum une dernière année à vivre… Il apprendra par la suite qu’il est infecté par un virus extrêmement mortel, qui pourrait se propager à l’humanité toute entière s’il continuait à vivre ne serait-ce que quelques instants de plus… Le corps rongé par la maladie, suffoquant, haletant,  papi Snake poursuit pourtant sa mission, s’injectant seringue après seringue pour pouvoir encore tenir debout quelques secondes… Avant de se faire brûler la moitié du visage (perdurant ainsi la malédiction de sa lignée, toujours déchirée en deux, entre bien et mal) et de s’engouffrer, dans un ultime effort suicidaire, dans un dernier couloir duquel personne ne peut ressortir vivant… Au bout de ce couloir, il trouvera, l’espace de quelques instants, la paix qu’il aura si longtemps cherché, sa dernière maison, à savoir le cimetière qu’il arpente depuis l’écran titre du jeu.

Cet aspect "hopeless" est encore loin de toucher seulement le personnage principal de la tragédie grecque jouée ici par Kojima-san. En effet, tous les personnages de MGS4 sont, de près ou de loin, névrosés et suicidaires. Une mention spéciale sera faite à l’encontre de Raiden, dont l’histoire s’avère au final plus que poignante, nous le présentant comme un homme brisé, au propre comme au figuré, dont le corps n’a plus rien d’humain, si ce n’est le cœur. Raiden n’est plus rien, il n’est plus un homme, il n’est qu’un instrument de guerre, une bombe cherchant à exploser par tous les moyens. Sa volonté d’aider Snake (et donc le joueur) comme il fut aidé par le passé (cf MGS2) est si grande qu’il ira jusqu’à sacrifier tout ce qui lui reste (à savoir ses deux bras, lui empêchant ainsi de faire la dernière chose dont il était encore capable, c'est-à-dire se battre… référence évidente ici au sabreur manchot du cinéma asiatique) pour permettre au grand-père moustachu d’accomplir son destin.

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"Vive les stéroïdes."

Cependant, la lourdeur pachydermique et le manque évident de finesse de Kojima au niveau de l’écriture auront tôt fait de faire rire les spectateurs improvisés quant à la fin de notre Ninja de la Foudre… Et on ne peut clairement pas leur en vouloir, tant son auteur verse ici dans le pathos et les cliché le plus embarrassants… La fin de Raiden, pour tout vous dire, ressemble à un Soap. Mais pas à un soap sympa et léger, non non, à un vrai soap de merde, avec toute la guimauve qui va avec. Pourtant, le joueur l’ayant accompagné toutes ces heures trouvera ici une grande satisfaction, simplement parce que Raiden reste définitivement le personnage pour qui l’on crève d’envie que ça se finisse bien. Tout simplement.

Quant à la fin de Snake, elle se révèle telle qu’est nous est promise depuis le début du jeu, à savoir létale, sans concession, brute dans sa forme. Il ne pouvait en être autrement. Le générique défile tandis que le joueur hébété tente de réaliser ce qui vient de se passer jusqu’à ce que… Wait ?!! Une autre trahison ??!

00. "Back to zéro… 1+1 ça fait 1. Ou alors ça fait 11… Et ça c’est beau."

Survient alors LA séquence qui fait rugir le débat entre tous les fans de la terre. Que dis-je, de l’univers. Alors qu’on pensait le jeu bouclé, terminé, une nouvelle séquence s’ouvre : retour sur le cimetière où… stupeur ! Snake n’a pas eu les guts  de se faire sauter le caisson. Mais encore plus fort ! Son "papa" est là pour un dernier petit pastis >.<

En effet la fin de MGS4 marque le grand retour du célèbre Big Boss (je vous avais prévenu qu’on allait spoil), aussi impossible que ça puisse paraître. A ce moment là, comment ne pas hurler "HOLY SHIT ! WHEN DID YOU NOT DIE ???!!!". Snake, bien que plus poli, ne pourra s’empêcher de poser en effet la question fatidique. Je vous épargnerais la réponse, tant tirée par les cheveux qu’incohérente, pour vous parler du salmigondis d’explications qui s’en suivra. Big Boss est là pour une seule raison : apporter absolument toutes les réponses aux dernières questions qui auraient pu se poser dans votre petite tête de joueur. Sans rire, ce mec a vraiment TOUTES les réponses, vous pouvez même lui demander de quelle couleur est le string de Meryl ou comment va votre grand-mère en ce moment, ce mec est au courant. Qui a tué Kennedy, pourquoi la misère dans le monde, est-ce que le père noël existe, qui y’a-t-il après la mort, d’où vient l’humanité, Big Boss sait tout et vous dit tout. Et le pire c’est que je ne plaisante pas <.< Ce personnage représente ainsi le pendant vidéoludique de notre grand Jean Claude Van Damme, mais dans sa période "je-suis-sous-coke-je-vais-te-parler".

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"Putain mais qu'est-ce que j'ai encore dit, moi ?"

Ainsi, d’après Big Boss, "le monde ne commence pas à 1. Il commence bien avant, dans le chaos…. Il part du 0. Le moment où il passe à 1 est le moment où il prend vie. Ensuite 1 devient 2 ; 2 devient 10 ; 10 devient 100. Effacer le 1 ne résout donc rien. Si l’on n’efface pas le 0, un nouveau 1 pourra toujours émerger, pour redevenir éventuellement un 100."

A ce moment, on peut légitimement se poser des questions sur la logique sous-jacente à un tel raisonnement, ainsi que sur la santé mentale et le taux de narcotiques de son auteur. Le pire est que je vous transcris ici la version courte, le papi ressuscité développant, ressassant son raisonnement pendant plus de dix minutes, avant de finalement débrancher un pauvre vieux débris qui finissait tranquillement ses jours sur une chaise roulante, sur un fond de musique héroïque. Ceux qui prétendent que Snake ne peut pas vraiment se suicider à la fin du jeu pour des raisons d’éthique et de morale repasseront me voir pour un cours sur l’euthanasie <.< Cette scène est en effet certainement l’une des plus glauques qu’il m’ai été donnée de voir, en quoi débrancher un légume constitue un acte héroïque ?xD

Après ce quart d’heure passé sous psychotropes, on se demande quand Big Boss va enfin se barrer, ou crever. Malheureusement pour nous il choisit la seconde option… Malheureusement car ce bougre de vieux briscard semble avoir encore bien la patate ! L’enfoiré (excusez du terme) met en effet plus de 20 mn à claquer !! Kojima accomplit donc ici l’exploit de coiffer au poteau les Wachowsky et leur fin de Trinity, qui constituait déjà un record en soi. Ainsi, pendant plus de 20 mn, Big Boss va nous reparler de calcul mental façon Prof Kawashima sur DS (mal au crâne), du fait que dans la vie, il faut pas s’en faire (super), qu’on aurait tout intérêt à l’oublier (un peu difficile vu comment tu nous prend la tête) et à vivre notre vie tranquille (si tu nous lâche pas comment tu veux qu’on fasse ?), et enfin que les cigares, c’est bon (mais claque, nomdidiou !).

Plus sérieusement, cette dernière séquence fait débat car elle change absolument toute la couleur de ce dernier Metal Gear. Alors que tout le jeu ne constituait qu’un vaste chant funèbre, une sorte de dernière ode aux héros s’apprêtant à tomber au combat, un de ces récits qui érigent les légendes, ce dernier dialogue transforme Snake en gentil papi retraité qui va aller bronzer au soleil. Snake devait mourir. Big Boss peut nous expliquer par A+B (ou 1+1…) comment ça se fait que notre héros est toujours en vie, il subsiste trop d’incohérences. Ok pour FoxDIE et FoxALIVE, mais le couloir à "micro-waves", sensé terrasser n’importe qui s’y engouffrant ? Snake s’était porté volontaire car il était déjà mourant, maintenant on nous dit "ah non en fait tu n’es plus malade mon fils" mais c’est trop tard, nomdidiou ! Son corps est sensé être ravagé maintenant, malade ou pas <.<

Pour expliquer cet égarement des plus évasifs, on se reportera aux dernières déclarations de Kojima avant la sortie du jeu, qui prétendait "être déçu" par son propre jeu, et du fait "qu’il ne lui appartenait plus réellement". On peut se douter des débats suscités dans les bureaux de Konami quant à un éventuel ending éliminant un personnage qui leur rapporte un paquet de pognon depuis plus de 10 ans maintenant… C’est ici que le débat entre les joueurs fait rage : pour ma part, j’ai choisi d’arrêter le jeu au générique, lorsque l’on entend le dernier coup de feu fatidique qu’un homme fatigué de tout déclenche dans ce qui restera sa dernière demeure… Une pierre tombale, un parterre de fleurs.

Cette ultime séquence, ce "débriefing" n’existe pas vraiment pour moi. Il intervient après le générique. Le jeu est déjà fini, tout le reste n’est que bonus et bêtisier. Alors oui, il s’agit peut-être ici de se mettre des œillères, mais cette vision des choses permet à mon pauvre petit cœur de fan meurtri de trouver ici l’ultime chef d’œuvre qu’il était venu chercher… Même si un dernier détail aurait permis de l’achever, dans tous les sens du terme : me demander d’appuyer sur la gâchette (gâchette réelle, gâchette de la manette) pour mettre un terme à tout cela, comme c’était déjà le cas dans le final incroyable de l’épisode précédent… Dont on parlera la prochaine fois ! Back to 0...
   

3 juillet 2008

Super Smash Bros Brawl ! Le mystère du générique !

Ca fait un moment qu'on sait que le générique d'introduction du nouveau Smash Bros a été composé par le grand Nobuo Uematsu, aka Mr Final fantasy himself. Ce morceau dantesque, épique au possible, fut entendu pour la première fois dans le trailer du jeu, dévoilé à l'E3 il y a deux ans (me semble t-il). Et déjà à l'époque, les Tendo-maniaques sentaient tous leurs poils se hérisser... Ca tue, tout simplement ! Je dirais même plus : ça baboule grave sa maman <.<

Mais un problème se pose... Quoi qu'ils disent dans la chanson ? A la manière de l'obscur sanscrit cloturant le dernier Matrix dans un sublime chant de bataille... c'est beau mais on y comprend que dalle.

Sauf quand une bande d'experts en écoute auditive par le biais de l'oreille y prête attentivement le tympan (le gauche, toujours). Et que ces experts nous brossent une transcription parfaite du texte... qui prend alors tout son sens !

On ne s'en rendait pas compte, mais la puissance métaphysique du texte de cet opening est tout simplement sidérante ! Certainement les plus belles paroles jamais écrites... Une leçon de vie tout simplement.

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